BASILE NIANE, Le Blogueur entrepreneur du Sénégal
Basile Niane est avant tout un passionné du web et des TIC au point d’en faire son métier.
Membre fondateur du Réseau des blogueurs au Sénégal, il finit par décrocher le prix du meilleur blogueur TIC de l’année 2014. En plus du blogging, il a plus d’un tour dans son sac. Journaliste, consultant, formateur web 2.0 et CEO de Socialnetlink.org. Ce dernier est non seulement une Agence de communication digitale mais c’est aussi un site web axé sur les TIC dont l’objectif est d’être le numéro un en qualité de contenus technologiques au Sénégal.
C’est ce passionné du web, Basile Niane, qui nous livre son expérience de blogueur et également une analyse de l’évolution du secteur des TIC au Sénégal.
Pouvez-vous nous parler de votre expérience de bloggeur et quel est votre objectif à travers la création de Socialnetlink.org ?
Je n’aime pas trop parler de moi. Malgré cela, je vais essayer. Pour résumer, je dirai que j’ai débuté le blogging vers les années 2004. A cette époque, il n’y avait pas encore beaucoup de blogueurs au Sénégal. C’était le temps des skyblogs, Hi5, 123love etc. où on aimait poster des photos et tchater. Par la suite, j’ai changé de cap avec l’évolution de la technologie, je me suis intéressé à la recherche sur internet. Au fur et à mesure, l’envie de découvrir d’autres perspectives naissait en moi surtout avec l’apparition des nouveaux gadgets technologiques. C’est ainsi que j’ai commencé à bloguer, partager ma passion. Avec ce blogging j’ai pu construire mon réseau, voyager partout dans le monde, travailler avec plusieurs marques et lancer ma start- up.
Mon objectif en commençant le blogging était d’être le meilleur blogueur TIC au Sénégal. C’est grâce à cette conviction que j’avais créé le premier blog des TIC au Sénégal (Sénégalmedias) devenu aujourd’hui Socialnetlink.
Cette nouvelle plateforme que j’ai lancée avec d’autres associés est née d’un constat : au Sénégal, sur plus de 150 sites web répertoriés seuls 3 ou 4 sont dans la diffusion de l’information technologique.
Pourtant, notre pays est l’un des plus connectés en termes d’infrastructures ou de connexion haut débit en Afrique. Nous sommes plus de 6 millions d’abonnés à internet sur une population de plus de 14 millions d’habitants. Ce qui veut dire que la moitié de la population dispose d’une connexion internet mobile avec un taux de pénétration de plus de 100% et plus d’1 million d’inscrits sur le réseau social Facebook.
Dès lors, nous nous sommes dit qu’il serait dommage de ne pas avoir une plateforme complète pour pouvoir relier les bonnes actualités qui touchent la technologie en temps réel. C’est la raison pour laquelle le projet Socialnetlink.org qui regroupe des blogueurs et journalistes spécialistes en TIC, veut combler ce vide technologique afin de promouvoir le contenu local. Depuis ces dernières évolutions, le trafic de Socialnetlink.org continue de progresser fortement et a pratiquement doublé au cours de la dernière année.
La plateforme a été primée au concours international World Summit Awards qui s’est tenu à Singapour grâce à son contenu innovant.
Nous avons aussi couvert de grands évènements dans le monde IT au Sénégal. Aujourd’hui nous travaillons avec de grandes entreprises sénégalaises et africaines en leur fournissant du contenu de qualité. Cela prouve que ce projet a largement sa place dans l’espace de la presse sénégalaise. Notre vision est d’être d’ici 2020 la plateforme tech la plus consultée au Sénégal et en Afrique.
Vous aviez dit dans une ancienne interview « Le blogging n’est pas assez développé au Sénégal… il y a un gap technologique à combler ». Etes-vous toujours du même avis en 2016 ?
Aujourd’hui, la donne a changé. Le blogging a connu un boom partout en Afrique. On voit de plus en plus de jeunes qui s’intéressent à cette passion et qui en ont fait leur métier à temps plein. Grâce au blogging beaucoup d’internautes gagnent leur vie, d’où l’apparition de nouveaux métiers comme le Community Management ou le Social Media Management, l’Expertise en Web 2.0 etc.
Cependant, malgré cette floraison de blogueurs, il faut souligner le manque de contenu de bonne qualité au niveau local. Et c’est l’occasion pour moi de conseiller aux internautes qui veulent en faire un métier de produire du contenu de qualité, monétisable pour le bien de leur carrière. Il ne sert à rien d’être sur les réseaux sociaux à ne rien faire. Pour moi, c’est une perte de temps inutile. Soigner son image sur internet est très important. A un moment donné, il faut savoir ce que l’on veut faire. La spécialisation du blogueur dans un domaine précis est synonyme d’ouverture et de consécration dans le travail.
Selon le dernier rapport de la banque mondiale, le secteur des TIC au Sénégal performe moins bien. A votre avis quelles en sont les causes ?
Je pense que le Sénégal est en train de mener un travail extraordinaire dans le domaine des TIC. L’envie de la nouvelle génération qui pense souvent à l’auto-emploi est très forte. Je n’ai pas de chiffres, mais l’entrepreneuriat prend de l’envol dans notre pays. Cependant, force est de constater qu’il y a une lenteur dans le soutien des jeunes entrepreneurs qui peinent souvent à s’en sortir. Je crois qu’il y a encore un gros travail à faire dans la politique de l’État du Sénégal qui s’est modernisé dans plusieurs secteurs d’activités touchant les TIC. Je peux citer par exemple le projet Sénégal Numérique, la plateforme de Diamniadio qui sera la future Sillicon Valey africaine.
Quelles recommandations pouvez-vous donner pour faire évoluer les TIC au Sénégal ?
Le développement des TIC, pour moi, passe d’abord par une politique sectorielle de l’Etat pour le développement de l’auto-entrepreneuriat, facteur de croissance et de progrès. Il faut penser à mettre en place des fonds de soutien à l’innovation, mais surtout inciter les organisations en charge de cette question à allouer des financements aux personnes adéquates. L’entrepreneuriat ne se développera pas si l’Etat ne facilite pas la tâche aux créateurs d’entreprises. Faites le constat, sur 100 entrepreneurs, les 70 lâchent du lest après une année d’existence à cause des lourdeurs administratives, le manque de soutien ou de suivi.
L’autre problème réside dans l’obtention des marchés pour les start- up. Il est difficile pour un jeune entrepreneur de gagner des appels d’offres publiques. C’est ce qui fait que les jeunes entreprises finissent par disparaître. Le secteur contribue à hauteur de 15‰ du PIB, mais il souffre de plusieurs maux qui ont pour noms: accompagnement, persévérance, application, et innovation. Le marché local a encore besoin d’investisseurs qui doivent croire à la jeunesse entrepreneuriale sénégalaise.
Que pensez-vous d’une éventuelle collaboration entre le Maroc et le Sénégal dans le domaine des TIC ?
C’est déjà une réalité, vu les bonnes relations diplomatiques entre les deux pays. D’ailleurs notre pays sera à l’honneur au Salon sur les Technologies dénommé Aitex-Africa It Expo qui se tiendra au Maroc.
Ce genre de collaboration marque un tournant décisif sur la coopération bilatérale dans le domaine des TIC. En fait, on peut aller même plus loin. A mon avis, nos deux Etats doivent encore redoubler d’efforts dans ce sens en développant le partage d’expériences, la création de bourses de formation dans les filières scientifiques et techniques etc. Le Maroc est un pays très avancé dans ce domaine, il faudrait plus de collaboration gagnant-gagnant avec la promotion de la «libre circulation des cerveaux»