Panorama de l’écosystème digital au Maroc
En matière de transformation numérique, l’ambition du Royaume du Maroc est claire : se positionner comme un hub digital au niveau africain. Et pour atteindre, cet objectif, le Maroc n’a pas lésiné sur les moyens.
Ayant initiés des programmes successifs en matière de transformation digitale avec des résultats en demi-teinte, le plan Digital Morocco 2025 entend bien changer la donne et faire passer le pays à la vitesse supérieure.
Où en est le Maroc en matière de digital ? Quels sont les acteurs sur ce marché qui attire les convoitises ? Nous vous proposons dans cet article, le panorama de l’écosystème digital au Maroc.
Transformation digitale au Maroc, quelques chiffres
Le Maroc fait globalement figure de bon élève au niveau du continent. En effet, dans un contexte où l’Afrique, malgré des évolutions significatives, peine parfois à rattraper son retard, le Royaume est plutôt bien positionné en matière d’indicateurs de la transformation numérique.
Un taux de pénétration d’internet en forte croissance
Avec 33,18 millions d’utilisateurs en janvier 2023, le taux de pénétration d’internet au Maroc dépasse les 88%. C’est tout de même 4 points de plus que l’année précédente et près de 14 points supplémentaires par rapport à janvier 2021, selon les différents rapports de We Are Social et Hootsuite.
Le commerce électronique en forte croissance
Selon l’étude E-commerce Market in Morocco, Forecast to 2025 de Frost & Sullivan publiée en 2021, le chiffre d’affaires du commerce électronique au Maroc a atteint 10,7 milliards de dirhams en 2020, soit une augmentation de 62,7% par rapport à l’année précédente. Toujours selon le même rapport le nombre de transactions de commerce électronique a également augmenté de façon significative. Il est en effet passé de 29,8 millions de transactions en 2019 à 47,6 millions en 2020, soit une augmentation de 59,5%.
La transformation digitale des entreprises peine parfois à se concrétiser
Si l’on note des évolutions concrètes et notables en termes de digitalisation des entreprises au Maroc ces dix ou quinze dernières années, il semble que celles-ci peinent à se transformer. En effet, la dernière enquête de l’AUSIM réalisée avec le cabinet Gartner, révèle que plus de la moitié (59%) des initiatives digitales sont en retard par rapport aux prévisions. De même, le ROI tarde à se faire sentir.
Digital Morocco : une feuille de route à horizon 2025
Fruit d’une volonté royale, et dans une perspective de développement basé sur l’économie numérique, la feuille de route digitale du Maroc à Horizon 2025 fait suite à une série de plans initiés dès 2005.
« e-Maroc 2010 », « Maroc numérique 2013 » ou encore « Maroc Digital 2020 » ont permis de hisser le pays en quatrième place du « Digital Risers » au niveau MENA. Cependant, ces plans successifs n’ont pas permis d’atteindre les objectifs visés.
Le plan de développement digital à horizon 2025, basé sur l’analyse de la mise en œuvre des précédentes stratégies, fixe des orientations générales autour de trois objectifs principaux :
- La digitalisation de l’administration publique pour améliorer la satisfaction des usagers et atteindre au moins 85% de satisfaction.
- Faire du Maroc un Hub Digital et technologique en Afrique. Ici les objectifs sont d’installer plus de 2 500 startups d’ici 2025 et d’atteindre le top 3 continental du classement Online Index des Nations Unies.
- Réduire la fracture numérique, former 50 000 jeunes et développer des initiatives dans des secteurs ciblés tels que l’Éducation, la Santé, l’Agriculture et l’Artisanat.
Les acteurs de l’écosystème digital au Maroc
L’écosystème digital au Maroc comprend de nombreux acteurs. Organisations publiques ou non gouvernementales, géants du numériques ou encore start-ups, les acteurs du domaine digital sont nombreux. Tour d’horizon de cet écosystème.
→ Les organisations publiques
Signe d’une volonté forte de développer une économie numérique, un dispositif étatique a été mis en place afin notamment de promouvoir le digital.
Un Ministère dédié
Autrefois sous l’égide du ministère de l’Industrie, le numérique a désormais son propre Ministère. Celui de la Transformation Numérique et de la Réforme de l’Administration. Le nom même de cet organe de l’État met en évidence l’importance de la digitalisation de l’administration publique au Maroc.
Une agence du digital
Placée sous la tutelle du ministère précédemment cité, l’agence de développement du digital, dite « ADD » a pour mission de mettre en œuvre la feuille de route 2025. Pour cela, elle vocation à occuper un triple rôle : fédérateur de l’écosystème digital, accélérateur de projets e-gov et moteur de la promotion et de la sensibilisation autour du digital.
Le régulateur du secteur des telecoms
L’ANRT, Agence National de Règlementation des Télécommunications, a la charge de la régulation et de la règlementation de secteur des télécommunications du Maroc. Créée en 1998, elle a des missions aussi bien juridiques que techniques et même économique. En effet, sur ce dernier point, l’ANRT est la garante d’une concurrence saine et loyale, favorable au développement du secteur.
→ Les associations et organisations non gouvernementales
Au côté des organisations publiques, un certain nombre d’organisation interviennent dans la dynamisation de l’écosystème digital marocain.
On peut citer des organismes avec des prérogatives globales comme la Confédération Générale des Entreprises du Maroc (CGEM) ou encore les chambres de commerce locales et étrangères. Ces organismes ont pour la plupart des commissions thématiques dédiées à l’univers des startups, du digital et/ou de l’administration 4.0.
On trouve également des organismes dédiés au digital.
L’association des Utilisateurs des Systèmes d’Information
L’AUSIM qui réunit les DSI des entreprises les plus importantes du Maroc, est une association très dynamique dans l’écosystème. A l’initiative de nombreux programmes, événement et publications, elle contribue incontestablement au développement du secteur.
L’APEBI
La Fédération des Technologies de l’information, des télécommunications et de l’Offshoring réunit les professionnels de ces domaines. L’organisme se positionne comme un intermédiaire entre les pouvoirs publics et ses partenaires.
La French Tech Maroc
Ce mouvement issu de la communauté des startups françaises et impulsé par le Ministère français de l’Économie, de l’Industrie et du Numérique se déploie dans deux nombreux pays.
Fondée en 2019, la French Tech Maroc entend contribuer au développement de l’écosystème TIC au Maroc.
→ Les startups
Le Royaume dispose d’un écosystème de startups en pleine expansion. Identifié comme un levier afin de se positionner comme hub continental en matière d’innovation digitale et technologique, tout un sous-écosystème c’est formé. Il comprend, notamment, les incubateurs et accélérateurs, des fablab, ainsi que les autres organismes d’accompagnement.
Bien qu’en plein essor, le secteur des startups au Maroc fait encore face à plusieurs défis, notamment en termes de financement, de cadre réglementaire et de visibilité internationale.
→ Les investisseurs
En matière d’investissement, il faut savoir que le secteur du capital-risque, s’il tend à se développer, est encore embryonnaire au Maroc. Les startups se tournent alors vers des fonds d’investissements étrangers.
Elles peuvent toutefois compter sur des fonds locaux initiés par l’Etat œuvrant dans le financement des startups digitales.
Maroc Numeric Fund
Créé dans le cadre du plan Maroc Numérique 2013, il s’agit du premier fonds d’investissement dédié aux startups technologiques marocaines. Parmi les investisseurs on compte l’Etat marocain, des banques de la place ainsi que la Caisse de Dépôts et de Gestion.
Innov Invest
Ce programme initié en 2018, est à l’origine de plusieurs fonds visant l’investissement afin de « transformer des idées ambitieuses en entreprises technologiques rentables leaders de leur secteur et génératrices d’emplois ». Cette initiative est notamment à l’origine de fonds « Maroc Numeric Fund II » ou « Azur Innovation Fund ».
Défis et perspectives de l’écosystème digital au Maroc
Le Maroc œuvre depuis plusieurs années pour le développement et l’émergence d’une économie numérique. Avec une population jeune et dynamique, une situation géographique stratégique ainsi qu’un environnement des affaires plutôt favorable, le Royaume dispose de nombreux atouts pour atteindre ses objectifs.
Toutefois, les défis restent nombreux. Ainsi, bien que le Maroc ait réalisé des progrès significatifs en termes d’infrastructures numériques, il reste encore beaucoup à faire pour améliorer la qualité et la couverture de la connexion Internet haut débit dans le pays, en particulier dans les zones rurales.
Également, la formation de ressources qualifiées est un point crucial en matière de transformation numérique. De plus, des stratégies pour conserver au sein du Royaume ces profils très demandés constitue un défi de taille.
Enfin, l’adoption des technologies numériques par les entreprises doit encore être fortement encouragée afin de bénéficier de tout le potentiel du digital au niveau économique.